la compagnie – an 23

U teatru di u cumunu

La compagnie est fondée en 1995 à Paris, par Noël Casale et Marie-Ève Edelstein.

Son projet est de mettre en jeu et en question(s) les sociétés contemporaines avec une attention particulière à la société corse au regard de ce qu’il s’est passé, se passe et pourrait se passer ailleurs.

Implantée depuis près de trente ans en Corse, et depuis 2018 à Bastia, la compagnie place la rencontre entre des habitants, des artistes et des chercheurs au cœur de son projet. En associant arts et sciences humaines, création et recherche, elle vise à élargir la réflexion sur leur dimension d’émancipation et leur influence sur le lien social. Elle créé ainsi toute l’année de nouvelles propositions de rencontres entre notre travail (cours, ateliers, créations, petites conférences, projections, débats…) et la population. Et veille en permanence à ce qu’une grande partie de son travail procède du territoire où nous travaillons et de questions propres à notre temps.

Aujourd’hui, au coeur du moment politique fou que nous vivons – accélération incontrôlable de toutes les potentialités de désordre et de désorientation – nous cherchons à inventer d’autres rapports à la scène, aux publics et à l’actualité à partir de trois questions (pour nous) essentielles – À qui nous adressons-nous ? Pourquoi ? Comment ?

Dans notre projet commun d’une société Autre à construire, il nous semble que ce dont nous avons besoin pour un théâtre qui aide à penser (et pour l’art et la culture), c’est d’œuvrer à de nouvelles alliances avec la population à partir de ces trois questions.

En Corse où comme ailleurs, chacun peut constater à quel point le tissu social se défait tous les jours et de toutes sortes de façons, il nous est plus que jamais nécessaire et urgent de penser/repenser, définir/redéfinir, des projets artistiques et culturels au service de la diversité des habitants d’un territoire (quartier, ville, village, vallée…) pour travailler tous les jours à ce que notre monde soit plus beau et plus juste pour tous.

Depuis deux ans, nous cherchons donc systématiquement à créer les conditions pratiques d’une expérience artistique et sociale (un théâtre d’intervention) propre à expérimenter et à inventer des rapports nouveaux à un lieu, un environnement et un public.

Comment ?

En cherchant à créer en permanence de nouvelles conditions de rencontres entre notre travail et la population.

Par des spectacles à installer/jouer partout, des lectures théâtrales, des propositions de dialogues autour de textes, de projections, de débats et encore plus d’ateliers vers des gens très éloignés des lieux de culture – habitants de quartiers périphériques, gens des villages, migrants, primo-arrivants… – et sans attendre.

Comme les dispositifs conventionnels de production et de diffusion (monter une production pendant un à deux ans, répéter deux mois, jouer dix à trente fois et belote et rebelote) ne conviennent plus à nos nécessités et nos urgences, nous procédons autrement.

On définit rapidement un projet au contact de ce qui nous brûle, on le monte tout de suite en un mois avec trois cacahuètes (SMIC pour tout le monde) et on le diffuse dans des réseaux associatifs.

On est ainsi tout le temps en travail au plateau ou pas loin, on rencontre des centaines de gens qu’on n’avait jamais croisé et, dans le contexte de haine et d’appels au meurtre où nous sommes, il nous est tout à fait réjouissant de chercher tout le temps « à sauter hors du rang des assassins » (Kafka).

An 23 – depuis Bastia

Comme nous aimons bien penser ce que l’on fait, que l’on en éprouve le désir, la nécessité et que l’on vient d’un temps où il était essentiel de dire d’où on parle, on examine une fois de plus ce que l’on se propose de réaliser cette année et on cherche à en comprendre le pourquoi, à en imaginer le comment et à en formuler la cohérence et le fil conducteur. Ce que nous pouvons dire en ces premiers jours de l‘hiver, c’est que nous allons essayer de continuer, comme depuis plus de vingt ans, à agir en notre lieu mais à penser avec le monde (Édouard Glissant). Mais comme nous allons produire pour cela un très grand nombre de propositions apparemment hétéroclites, nous nous rappelons aussi avec plaisir cette citation d’Héraclite – Un tas de gravats déversés au hasard : le plus bel ordre du monde.

Notre lieu, c’est Bastia.

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