Vie de Jean Nicoli

Noël Casale

photo / jmaton
Saison 2012/13

Mise en scène Noël Casale
Avec Edith Mérieau, Moustapha Mboup
Scénographie, costume(s) Anne Lezervant
Lumière Marie Vincent
Durée  1h

Co-production Théâtre du commun, Ville d’Ajaccio / Soutien Collectivité Territoriale de Corse, Théâtre Les Bernardines, Marseille, Théâtre de Bastia, Jeune Théâtre National / Co-réalisation Atelier du Plateau, Paris / Aide Théâtre2Gennevilliers (C.D.N.).

Les histoires sont l’histoire de tout le monde, jamais d’une seule personne / Orhan Pamuk
Il faut écrire l’histoire du point de vue des vaincus / Walter Benjamin

1. Jean Nicoli
Je suis né à Bastia en 1960 d’un père corse et d’une mère espagnole dans une famille d’ouvriers communistes.
Jean Nicoli et ses camarades de lutte dans la Résistance au fascisme durant la seconde guerre mondiale ont d’abord été (pour moi) des héros de mon enfance. C’est à la lecture de son journal d’Afrique (il y a quelques années) que j’ai découvert l’homme qu’il avait été avant la guerre.
Parti instituteur de la République au Soudan français en 1925 (Mali actuel), il y décèle très vite les pires aspects de la colonisation. Sa conscience politique s’éveille et se forme dans la brousse et le long du fleuve Niger. Retour en France en 1935. Membre du Parti Communiste, fondateur et dirigeant de la Résistance communiste en Corse dès l’armistice de 1940, il est arrêté par l’occupant italien en juin 43, condamné à mort et exécuté brutalement deux mois plus tard. On rend à la famille un corps sauvagement décapité.
Dès ma découverte de cette vie – de cette métamorphose (De la Colonie à la Résistance) – j’ai eu l’envie et l’intuition d’un travail théâtral.

2. Raconter la vie de Jean Nicoli
Pour raconter au théâtre la vie de Jean Nicoli comme je le souhaitais – « par tous les côtés en même temps » (Cézanne), c’est-à-dire par de nombreux points de vue – j’ai commencé par écrire une dizaine de récits portés par autant de personnages – un compagnon d’armes, un administrateur colonial, un fasciste italien, un de ses anciens élèves… Je pensais qu’un seul acteur pourrait dire et jouer ces récits. Mais l’un d’eux a pris de plus en plus de place.
Celui de l’épouse de Jean Nicoli : Jeanne Nicoli.
Dans son journal, Jean Nicoli la décrit souvent triste, fatiguée, éplorée. Elle semble passer son temps à coudre, tricoter et se plaindre. Or à voir des photos d’elle, on peut douter de ce portrait assez conventionnel. Elle m’y apparaît forte et fière, belle, le regard franc et dense, le sourire énigmatique. Elle meurt d’un cancer en 1935, à l’âge trente sept ans.

3. Récit de Jeanne Nicoli
Aujourd’hui, dans mon projet d’écriture, c’est donc elle que j’essaie de faire parler. Jeanne Nicoli.
De son mari. D’elle avec lui. De ce que d’autres ont dit ou disent encore de lui. Elle ne l’aura pas connu héros et martyr mais elle en parle aussi dans ces années-là.
Sa parole voyage librement à travers le temps et l’espace.
On l’écoute et nous sommes en Corse, c’est la guerre. Puis au fin fond de la brousse ou sur les rives du Niger, quinze ans avant, un jour de tornade – un vieillard noir épuisé par des travaux forcés vient de se pendre. Retour en Corse, leur enfance et celle du siècle. L’Afrique encore, par les lettres de protestation que Jean écrit pour des tribus maltraitées, par ses premiers engagements politiques, puis nous voici attablés avec des anciens combattants aujourd’hui en Corse, en plein midi l’été, il fait chaud, ils se souviennent.
Et avec tout ce qu’elle nous raconte – portraits, situations, rêves, méditations… – c’est en creux son histoire à elle que nous découvrons aussi. L’histoire d’une femme qui en nous parlant d’elle à travers d’autres – avec l’histoire des autres – essaie de penser ce qui est arrivé, ce qui arrive, ce qui pourrait arriver.


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