Reprise d’un triomphe

Ou Le songe d'une nuit bastiaise - Noël Casale

photo / DR
Saison 1009/10

Conception, réalisation et interprétation Hubertus Biermann, Noël Casale, Pascal Omhovère
Lumière Marie Vincent
Régie Plateau Olivier Bonnefoy
Durée 1h15
Co-production Théâtre du Commun, Ville d’Ajaccio / Soutien Collectivité Territoriale de Corse, C.C.A.S, La Chartreuse – Centre National des Écritures du Spectacle / Aide ARCADI / Co-réalisation Théâtre l’Échangeur, Bagnolet, La Minoterie, Marseille / Remerciements Les labos d’Aubervilliers, Théâtre2Gennevilliers.

J’ai rêvé que John Wayne jouait merveilleusement du bassin au Pôle Nord

Serge Daney

In memoriam Joao Cesar Monteiro

Bastia, l’été prochain
Enfoui dans l’entrée d’une pension modeste de la vieille ville, un homme – Marc Aurèle – semble se souvenir d’un vieux western américain.
Un autre homme est là. C’est Dean Martin. Que font Marc Aurèle et Dean Martin en pleine nuit à Bastia ?
Marc Aurèle pretend raconter toujours les mêmes choses (mais pour qui) depuis une éternité.
Dean Martin prétend s’initier à l’archéologie et être à la recherche d’une partie du squelette de John Wayne. Mais qui sont vraiment ces deux hommes ?
Et ce troisième – Ulysse – qui les rejoint à l’aube et qui prétend avoir réalisé le projet de ses rêves et en avoir encore beaucoup d’autres pour la Corse – qui est-il vraiment ?
À quoi jouent ces trois hommes ?

Pourquoi et comment j’ai écrit « Reprise d’un triomphe »
En 2006, j’ai écrit une comédie – Forza Bastia – qui, comme mes autres pièces, se déroule « à Bastia de nos jours ». Je voulais la jouer (entre autres) à Bastia (ma ville natale) et il me semblait avoir fait ce qu’il fallait pour ça. Mais un an plus tard, malgré mille promesses, elle n’était toujours « ni acceptée, ni refusée ». Prenant finalement acte du peu de sérieux de mes interlocuteurs, j’ai renoncé et nous l’avons jouée (et nous continuons à la jouer) ailleurs. Cependant cet épisode m’avait blessé et souvent rendu fou de rage.
C’est peu après que j’ai imaginé un homme qui n’aurait pas renoncé, qui se serait obstiné pendant des années à tenter de la jouer. Cette hypothèse m’a tout de suite fait penser à un grand nombre de réalités autres que celle qui l’avait engendrée. Des réalités propres à la société corse contemporaine que j’ai dû fuir dès l’adolescence – question de vie ou de mort. Quelles réalités ? En Corse (à la fois grand village et grande banlieue de 300 000 habitants) les gens se font rarement violence. L’équilibre de la communauté, c’est le consensus. Ne pas critiquer, ne pas mettre en question, ne pas chercher à comprendre. Les abcès enflent pendant des années et c’est donc, en même temps, une société dont certains membres s’effondrent souvent dans des accés de brutalité inouïe – délinquance, terrorisme, mafia… – et dont d’autres plongent dans la dépression, l’alcool, la drogue, le suicide.
Passée l’hypothèse fantaisiste d’une rencontre entre un Marc Aurèle racontant « tous les soirs les mêmes choses pour personne » et d’un Dean Martin s’initiant à l’archéologie, il m’est apparu que l’enjeu devait se porter une nouvelle fois sur le rapport que ces hommes ont avec la parole. Ici, un rapport continuellement ambigû.
Qu’y a-t-il de vrai dans ce qu’ils disent ?
Et à quoi ressembleraient deux, puis trois hommes, passablement marginalisés, qui s’acharnent, depuis plus de vingt ans à Bastia, à courir, comme Robinson Crusoé « après la lune, en vérité » ?
Mais avec des mots, rien que des mots.


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