Loïc Touzé, atelier danse (édition 2022)

rennu in cumunu 2023

RENCONTRES ARTISTIQUES, CULTURELLES ET SOLIDAIRES

Photo : Loïc Touzé, atelier danse, Rennu 2022

Du 8 août au 13 août

Après le succès d’une première et d’une seconde édition qui nous avait joyeusement surpris et dépassé, nous allons donc cette année tenter, comme l’a écrit Samuel Beckett, d’essayer encore. Rater encore. Rater mieux.

Depuis près de trente ans, u teatru di u cumunu / théâtre du commun cherche à créer de réelles conditions de rencontres entre le travail artistique (création, recherche, enseignement) et les habitants de territoires où ce travail a lieu. Avec Rennu in cumunu, nous plaçons la rencontre entre artistes, chercheurs et habitants des Deux Sorru, des Deux Sevi et de la Corse au cœur de notre démarche. Ici, nous nous exerçons à des pratiques d’art et de recherche dirigées par des artistes et des chercheurs que nous admirons, gratuites et ouvertes à tous. Nous cherchons à produire ensemble – habitants, artistes et chercheurs – des effets bénéfiques pour chacun d’entre nous.

Avec la présence de A Filetta (chant), Vannina Bernard-Leoni (Castagnina edizione), Noël Casale (théâtre), Stefanu Cesari (poète en langues corse et française), Espédite (écrivain), Olivia Grandville (Danseuse, chorégraphe, directrice du Centre Chorégraphique National de la Rochelle), Johnny Lebigot (plasticien), Pascal Omhovère (comédien, auteur, metteur en scène), Jonathan Seilman (musicien, auteur, compositeur, arrangeur et producteur), Patrizia Poli (comédienne, pianiste, auteur-compositeur, chanteuse), Le peuple qui manque – Kantuta Quiròs et Aliocha Imhoff (curateurs, théoriciens de l’art, cinéastes), Jean-Michel Sorba et Marie-Noëlle Ottavi (chercheurs INRAE) et beaucoup d’autres invités encore.

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Renseignements et inscriptions rennuincumunu@gmail.com et/ou 06.14.98.18.09.

 

RENNU IN CUMUNU – Un festival de moins
Chaque année, des premiers beaux jours aux derniers, plus rarement au-delà, la Corse court après la fête. Les festivals pullulent. Tout paraît pouvoir être fêté. Les olives, le fromage, le cinéma, la mer, la montagne, le pain, les îles, la littérature, les oignons, la guitare, le vin, le théâtre, bientôt la pizza… etc. etc. Nous semblons suivre ces recommandations de Jean- Jacques Rousseau qui, tout en appelant dans sa Lettre à d’Alembert « à proscrire le théâtre de la République de Genève », réclamait des fêtes : « C’est en plein air, c’est sous le ciel qu’il faut vous rassembler et vous livrer au doux sentiment de votre bonheur (…) Que le soleil éclaire vos innocents spectacles ; vous en formerez un vous-même, le plus digne qu’il puisse éclairer. Mais quels seront les objets de ces spectacles ? Qu’y montrera-t-on ? Rien, si l’on veut. Avec la liberté, partout où règne l’affluence, le bien-être y règne aussi. Plantez au milieu d’une place un piquet couronné de fleurs, rassemblez-y le peuple et vous aurez une fête ».
Nous en sommes là. Pour le théâtre – la discipline qui nous concerne – nous savons que la fête en est un vieux rêve. Sans remonter à ses origines religieuses mythiques, on sait que lors des Dionysies grecques, fête et théâtre ne faisaient qu’un. Depuis, ils se sont bel et bien séparés. Le théâtre moderne repose sur une division entre acteurs et spectateurs et tout ce qui cherche à s’inventer et à se réinventer dans le théâtre contemporain vise plutôt au laboratoire. C’est la position du Teatru di u Cumunu / Théâtre du Commun depuis près de trente ans. D’où la question – la nôtre – aujourd’hui : comment notre laboratoire de théâtre peut-il continuer à oeuvrer sur un territoire essentiellement voué à la notion de Festival, au goût croissant du public pour la consommation de loisirs dits culturels ?
Dès 2020, année où le monde a de nouveau été mis à terre, Rennu in Cumunu a été conçu (et lancé en 2021) pour penser cette question. La réponse que l’on a commencé à se donner : proposer non pas de venir consommer ce que nous aurions fabriqué au préalable, mais, en un temps et lieux autres, entrer dans le laboratoire, s’exercer à des pratiques d’art et de recherche, dirigées par des artistes et des chercheurs que nous tenons en haute estime.
Autrement dit, participer à Rennu in Cumunu c’est se (re) mettre en travail (au pire moment, en Corse, de la vague touristique) et chercher à produire ensemble – habitants, artistes et chercheurs – des effets bénéfiques pour chacun d’entre nous. Non pas donc – pour parler comme Gilles Deleuze parlant du Hamlet de Carmelo Bene – un festival de plus (où se distraire et se divertir culturellement) mais un festival de moins.
Presque une mise en question donc de la notion même de festival. Cette année (2023), nous travaillerons à partir de la châtaigneraie de Rennu en voie de disparition et, plus largement, de celle de la Corse, en ouvrant l’ensemble de nos propositions vers des questions relatives au Vivant.

 

Poétique et politique de la châtaigneraie

La châtaigneraie de Rennu, nous l’aborderons comme Cézanne disait vouloir peindre et a peint : « par tous les côtés en même temps ». Approche plastique, poétique, chorégraphique, théâtrale, sociologique, anthropologique, historique, politique, pratique… dans le cadre d’ateliers, de conférences et de lectures, avec des artistes, des chercheurs, des habitants et avec toutes celles et ceux qui désireront se joindre à nous. La châtaigneraie de Rennu, comme les autres en Corse, ne produit presque plus de châtaignes. On ne tire plus grand chose d’une immense partie de terres cultivées pendant des siècles. Les rivages de l’île sont très largement abandonnés au tout tourisme, les montagnes sont en voie de l’être, la pauvreté s’accroît, les inégalités se creusent et aucun projet politique, susceptible de modifier le (mauvais) cours des choses, n’est en vue. On pourrait donc dire qu’il est fort possible que ça continue encore longtemps et, peut-être même s’achève, dans l’allégresse de nos têtes pensantes qui penseront, comme c’est souvent le cas chez nous, que c’est une plaisanterie (magagna). Mais on pourrait dire aussi que le pire n’est jamais sûr. Ce qui a été peut ne pas être ce qui sera. Et c’est en ce sens que, pour développer notre élan et notre projet né, il y a trois ans, sur les ruines déjà fumantes d’un néolibéralisme de plus en plus déchaîné, nous essaierons à nouveau de penser et d’agir aujourd’hui, politiquement et poétiquement, pour demain.

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