CONTRE-FEUX / Chaque époque rêve la suivante (2021)

 

Bastia, 6 janvier 2021

Si, comme l’a souvent écrit Walter Benjamin citant Michelet, CHAQUE ÉPOQUE RÊVE LA SUIVANTE – qu’en est-il des rêves de la nôtre ? C’est à partir de cette question que nous allons travailler – nous, teatru di u cumunu / théâtre du commun – cette année.

La raison d’être de ce projet ? Il suffit d’ouvrir les yeux. Les lieux d’art, de culture, de savoir et de fête sont fermés en France depuis plus de trois mois et il y a toujours plus de malades, toujours plus de morts et des millions de gens et de vies qui ne tiennent plus à grand-chose. Vies, pays et monde en morceaux qui ne se joignent plus. Chômage, précarité, misère, isolement, abandon. Ça, on l’a déjà dit et manifesté en décembre dernier, on n’y reviendra pas. Nous nous savons désormais programmables, variable d’ajustement d’un système dans lequel des gens pensent (ou pas) qu’on attend gentiment de reprendre sans conscience de ce qui a été déréglé, sans se poser la question des causes de ces dérèglements qui ne sont évidemment pas seulement liés à un virus de plus ou de moins et sans se poser non plus la question des rapports humains, gravement endommagés, au théâtre ou pas. Ils n’ont d’ailleurs peut-être pas complètement tort, vu le nombre invraisemblable de captations de théâtre et de visites virtuelles de musées et de cours universitaires… etc. qui circulent sur la Toile, en attendant que. En attendant quoi ? À propos de la Toile et grâce à la pandémie en cours, Microsoft, Apple, Alphabet, Amazon et Facebook valent maintenant à Wall Street 7,8 trillions de dollars. Ce qui fait d’eux cinq la troisième puissance économique mondiale derrière les États-Unis et la Chine. Nous, la seule expérience essentielle pour le théâtre que nous pratiquons, c’est une expérience collective, ouverte à toutes et à tous, qui se renouvelle à chaque représentation. Cette année, nous allons donc chercher AVEC nos CONTRE-FEUX à (re)créer joyeusement de la rencontre, de l’échange, du questionnement, du dialogue, AVEC toutes celles et ceux qui, d’une façon ou d’une autre, s’interrogent et cherchent à DONNER FORME, FORCE ET FEROCITE A UN NOUVEL ESPOIR POUR INVENTER D’AUTRES FAÇONS DE CONTINUER A TRAVAILLER ET A VIVRE.

Nous écrivions donc ça en janvier. ET DEPUIS, ON A FAIT QUOI ET COMMENT ?

Bastia, 21 septembre 2021

Chaque époque rêve la suivante. Portés par cette citation de Walter Benjamin (citant Michelet), on s’est demandé depuis le début de l’année à quoi peut bien rêver la nôtre. Et partant de là, on a multiplié des propositions de rencontres par le théâtre, la danse, la sociologie, le chant polyphonique, le cinéma, la littérature (cours, ateliers, spectacles, conférences, lectures, tournées)  AVEC Dostoïevski, Thomas Bernhard, Charles Perrault, Eduardo de Filippo, Barbara Stiegler, Leslie Kaplan, Joseph Conrad, Renaud Watwiller, Stefanu Cesari, Hans Magnus Ensenzberger, Sophocle, AVEC nos camarades (anciens et nouveaux), A Filetta, Loïc Touzé, Liza Terrazzoni, Pascal Omhovère, Dominique Marchais, l’Associu Sipòfà, AVEC les compagnes et compagnons du Théâtre du Commun et AVEC des gens de Corse et d’ailleurs à Bastia, Rennu, Pioggiola, Olmi-Cappella, Pigna, Ajaccio, Prunelli-di-Fium’orbu, Aix-en-Provence, Marseille, Paris et AVEC le souci de remettre en questions et en jeu (plus que jamais par les temps qui galopent) toutes nos façons de travailler. Nous avons ainsi rencontré beaucoup de monde. Ça va continuer. Cet automne, essentiellement ici, à Bastia, « au bord de la mer bleue » et en Corse. Pour renforcer nos relations et créer de nouvelles alliances AVEC des associations en milieu rural, des établissements scolaires, des centres d’accueil, des centres sociaux. Si chaque époque rêve la suivante, on commence aussi à se demander comment les précédentes ont rêvé la nôtre. Certainement pas ainsi qu’elle se présente aujourd’hui massivement : inhabitable (surchauffée, asphyxiante, pandémique), occupée par des catastrophes qu’on ne peut plus arrêter, et sans d’autre alternative (nous assène-t-on) que le dernier IPhone ou le Goulag. Alors nous accompagnent aussi, nous portent et nous soulèvent (depuis longtemps) ces mots du poète et immense artiste de théâtre, M. Jean-Marie Patte – « C’est la saison des douleurs / Comme c’est aussi la saison des pivoines ». N.C.

Du vendredi 24 au samedi 25 octobre à 20h30
Théâtre San Angelo – Bastia
L’ARTE DI A CUMEDIA
D’après L’arte della commedia de Eduardo de Filippo (Giulio Einaudi editore, 1965)
Restitution d’un travail d’atelier en langue corse (non surtitré)

Avec le collectif Tutt’in Scena : Malou Avazzeri, Anne Castelli, Valérie Franceschetti, Jean-Claude Gassman, Filippu Guerrini, Renée Mariani, Roselyne de Nobili, Jean-Marie Orsini, Jean-Pierre Vincensini
Direction : Noël CASALE
Conseil et création costumes : Claire Risterucci
Entrée 12€ / Pass sanitaire / Durée 1h40

Corté, décembre 2018. Un sous-préfet prend ses fonctions. Tandis qu’il se prépare à recevoir quelques personnalités locales, porteuses de demandes plus ou moins recevables – un médecin, un prêtre, une institutrice, un pharmacien… – toutes et tous en proie à des situations et des revendications en effet très improbables, la directrice d’un théâtre ambulant incendié se présente à lui. Au fil d’un long dialogue riche de contradictions et de tensions tragi-comiques, la situation dégénère et au moment de se faire foutre à la porte comme une voleuse, la directrice dérobe la liste des personnalités à recevoir et annonce au sous-préfet que « puisqu’il en est ainsi », elle va lui envoyer ses acteurs pour lui démontrer ce que c’est que le théâtre et lui en faire voir de toutes les couleurs. Deux heures plus tard, le défilé commence. S’agit-il des « vraies » personnes ou de comédiens qui les interprètent. La question est là. Propre à rendre fou, même le plus cartésien des hauts serviteurs de l’État. » N.C.


9 octobre de 10h à 19h
Ajaccio / Devant le bar de nuit L’EDEN
PASTIME PARADISE
Avec mon ami, le photographe Dominique APPIETTO, nous recueillerons durant toute la journée des témoignages des gens qui, depuis près de vingt ans, ont fréquenté L’EDEN, époque TONIO, aujourd’hui fermé et mis en vente. Dominique réalisera aussi des portraits photographiques de celles et de ceux qui en auront le désir. Il est très probable que nous en apprenions beaucoup sur Ajaccio, la Corse, notre époque et sur nous.


16 octobre de 10h à 19h
Centre Culturel Una Volta / Bastia

CARTE BLANCHE à Noël CASALE & au Théâtre du Commun
CONTRE-FEUX 2021 / CHAQUE ÉPOQUE RÊVE LA SUIVANTE 
Avec Noël Casale, Jacques Filippi, Cora Laba, Anne Malaspina, Pascal Omhovère, Xavier Tavera, Liza Terrazzoni

10h ACCUEIL EN MUSIQUE ET AUTRES IMPROMPTUS 
Autour d’un café-croissant
10h30 MINETTI Portrait de l’artiste en vieil homme 
Thomas BERNHARD (1931-1989)
Texte français de Claude Porcell (L’Arche Éditeur 1983)
Conception et mise en scène Noël CASALE 
Interprétation Jacques FILIPPI Avec Anne MALASPINA et Noël Casale
Musique Hahn – Chostakovitch – Cash. Durée 1h10
Bastia l’hiver. Confiné chez lui, un vieux comédien travaille seul une pièce  qu’il rêve de jouer depuis trente ans, « MINETTI », Portrait de l’artiste en un vieil homme qui, confiné chez sa soeur en Bavière depuis plus de trente ans, rêve de jouer King Lear.
12h BRUNCH EN  MUSIQUE ET LECTURES

14h LES CARNETS DU SOUS-SOL
Fédor DOSTOÏEVSKI (1821-1881)
Traduit du russe par André Markowicz (Actes Sud 1992)
Adaptation et mise en scène Noël CasaleInterprétation Xavier TaveraMusique Webern – Beethoven – Pärt – CookeDurée 1h.
Bastia l’hiver. Un comédien confiné chez lui travaille seul « Les carnets du sous-sol » de Dostoïveski. Il lit, dit, joue avec, cherche à y déceler ce qui pourrait lui parler, pour essayer de penser un jour avec ce texte et avec nous le monde dans lequel nous vivons. 

15h30 > 17h PAUSE CAFÉ EN DÉBAT ET DIALOGUES
À partir de questions de notre temps

17h30 IL N’Y A PAS D’OR AU FOND DES MERS
D’après Le Naufrage du Titanic – Hans Magnus Enzensberger (1978) – Une pluie de cristaux de glace – Renaud Watwiller (In la Revue Le Tigre N° 21 / septembre 2012) – Aspects admirables de l’enquête sur le naufrage du Titanic de Joseph Conrad (1912)
Conception et jeu : Noël Casale et Pascal Omhovère
Deux comédiens se présentent pour lire Le naufrage du Titanic, une comédie de H.M. Enzensberger, avant de s’en détourner pour lire et dire d’autres textes qui témoignent et questionnent, par d’aussi belles échappées poétiques, de nombreux autres naufrages, individuels et collectifs, réels et symboliques de notre temps.


4 novembre à 20h30
Espace Diamant / Ajaccio
ŒDIPE ROI / BASTIA / LA PEUR N’EST PAS UNE VISION DU MONDE

En langues française et corse (surtitré)
D’après Œdipe Roi de SOPHOCLE
Conception et mise en scène Noël CASALE 
Chant A FILETTA 
Traduction française de Jean et Mayotte Bollack (Les Éditions de Minuit 1985/1994) / Traduction corse de Jean-Claude Acquaviva
Scénographie, costumes Cecilia Galli / Lumière Pierre Peyronnet 
Avec James Alliot, Yann Boudaud, Pierre Chiarelli, Jacques Filippi, Sarah Legato, Xavier Tavera, Cecilia Galli et A FILETTA: Jean-Claude Acquaviva, François Aragni, Jean-Do Bianco, Petr’Antò Casta, Paul Giansily, Maxime Vuillamier 
De Thèbes autrefois à Bastia d’aujourd’hui, une proposition de théâtre pour essayer de penser AVEC Sophocle le monde dans lequel nous vivons.

Du 8 novembre au 8 décembre à Bastia
ATELLU DI RICERCA TEATRALE IN LINGUE CORSA E FRANCESE
« Pòpulu d’una branata » de Stefanu CESARI
Direction  Noël CASALE et Stefanu CESARI
Gratuit et ouvert à toutes et à tous, dans la limite des places disponibles.

 J’ai rencontré la poésie de Stefanu Cesari il y a deux ans avec « Bartolomeu in Cristu ». « Pòpulu d’una branata » vient d’être publié à Bastia (Editions Éoliennes). Je ne suis pas bien sûr de comprendre exactement de quoi il en retourne exactement. Mais à les lire à voix haute, j’ai découvert des potentialités d’oralité qui, dans l’espace et le temps du théâtre, pourraient ouvrir en l’esprit des auditeurs-spectateurs et en leur très fine oreille des plans sonores et des constellations d’images d’une très grande richesse. 

Les restitutions de ces travaux auront lieu du 1er au 8 décembre dans de nombreux établissements scolaires de Bastia.


Nos partenaires en 2021 Collectivité de Corse  Ville de Bastia &Théâtre de Bastia – Centre Culturel Una Volta Bastia  Galerie Noir et Blanc (Bastia) – ARIA Pioggiola Olmi Cappella – Espace Diamant / Ville d’Ajaccio – Aghja / scène conventionnée d’Ajaccio – Associu SIPOFÀ Rennu  Commune de Siscu (Hte Corse) – Centre Culturel Anima (Prunelli di Fium’Orbu) – Parc Galea (Tagliu Isulacciu) – Compagnie Sub Tegmine Fagi (Ajaccio) – A Filetta (Lumiu) – Università Pasquale Paoli – M.E.C.S. A Scalinata (Bastia) – Contrat de Ville de Bastia – Préfecture de Haute-Corse (actions quartiers prioritaires)  C.C.A.S. Corse  King’s Fountain (Paris-New-York) – Théâtre Joliette-Lenche, Marseille / Jeune Théâtre National – Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence  ADAMI – SPEDIDAM.


Renseignements, adresses, horaires & réservations
+ (33) (0) 6.77.99.40.78

Théâtre du Commun
Route des Milelli U Mozzu 20 090 Ajaccio 
1 rue Monseigneur Rigo 20200 Bastia 
24 rue Laure Diebold 75008 Paris
Direction artistique Noël Casale 06.77.99.40.78
Conseil, administration Liza Casale 06.74.65.33.45
theatreducommun@yahoo.fr www.theatreducommun.fr
Photo D.R.

 

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